Vélo des neiges, petit conte de Noël.

Le 18 décembre 2010 Loïc avait prévu de longue date une sortie nocturne en forêt de Sénart, d’aucuns criaient « au fou ! » ! Ouf, il neigeait et les participants lui préférèrent une balade pédestre, et tout aussi nocturne, dans un parc des environs. Les jours suivants il n’arrêta quasiment pas de neiger et la froidure figea le tout pour un Noël blanc.

C’était beau…mais peu praticable, ni à pied, ni à vélo. Tout comme l’hiver dernier (déjà en 2010 !), nous n’avons pas vu l’ombre d’un déneigement digne de ce nom, pas de petits lutins verts pourvus de sacs de sel, et de pelles ad hoc, ni sur les pistes cyclables, ni sur les trottoirs, ni sur le réseau secondaire du Val d’Yerres. Les services municipaux, désormais intercommunaux, se faisaient rares, on n’a pas vu l’ombre d’un traineau de salage rue de Boussy à Epinay, pourtant ancienne D 94 et axe bis pour relier, par ce pratique raccourci, Brunoy à Boussy ! A la communauté d’agglomération du Val d’Yerres (CAVY) on manquait de sel et de personnel, paraît-il. « Que fait Saint Nicolas ? » se lamentaient nos p’tites mamies aux pommettes rosies de froid et nos p’tits papys, la goutte au bout de leur nez rouge.

De Boussy-Saint-Antoine à Brunoy c’était le règne du vélo des neiges : amusant, et très vite du vélo des glaces : périlleux. Il était inutile d’espérer pédaler sans risquer de partir en vrille au bout de dix mètres pour un improbable double salto ou une virevoltante triple boucle piquée, sauf avec les pneus à clous de M. Sadot.

Nous n’avons donc pas eu droit au même traitement que les grands axes du secteur : D32, D38, D94, RN6, etc. où s’affairaient nuitamment quelques agents oranges du conseil général.

Les 26, 27 et 28 tout était et resta glacé, ou verglacé. Sur la piste cyclable départementale et la plupart des trottoirs de la D 94 on patinait allègrement, certains en venaient à espérer un réchauffement climatique*. Certaines zones étaient miraculeusement déneigées par l’action d’automobiles compatissantes qui dans d’élégantes arabesques éclaboussaient les trottoirs de neige fondue mêlée de sel – pour une fois on en redemandait. Mais la discontinuité de ces déneigements inespérés auxquelles succédaient inévitablement de vicieuses plaques de verglas ne pouvait nous laisser nourrir l’espoir d’enfourcher notre élégante monture qui piaffait dans son abri. 

A Yerres, la municipalité avait convié ses lutins d’astreinte à manier la pelle pour déneiger et répandre du sable par derrière…c’est plus long, certes, mais tout aussi efficace et moins polluant que le sel. Ce sel dont on commence à pointer du doigt les effets pervers, car, mêlé à l’eau de fonte, il devient un des principaux agents accélérateur de la dégradation des revêtements routiers, avec le gel.

Après la neige, le gel, le sel viennent les nids de poule…qui s’ajouteront à ceux, non rebouchés, datant de l’épisode neigeux de début 2010, qui en veut ainsi aux cyclistes ?

Des questions se posent néanmoins : en cas de chute d’un cycliste sur une piste départementale non déneigée, qui est responsable : le cycliste « inconscient », le Père Noël, Saint Nicolas, le conseil général, les lutins farceurs ou la commune sur laquelle se situe le tronçon où a eu lieu la chute, pour n’avoir pas rendu la piste praticable ?

Il serait souhaitable d’obtenir des pouvoirs publics, qu’au même titre de toute autre voie de circulation, les pistes cyclables soient soumises au déneigement, salage ou sablage. Pour les trottoirs c’est plus compliqué…normalement les riverains doivent déneiger le trottoir situé sur toute la longueur de leur façade.

 *message subliminal

GD - article paru dans Roue libre, journal de MDB